Ca commence...
Ardales. Petit pueblo blanc perche dans les montagnes au
nord de Malaga entoure de hautes collines encore vertes mais commencant
a tirer sur un marron jaune inquietant. Les oliviers y attendent
tranquillement l'ete avant de donner leurs fruits cueillis vers octobre
(avis aux amateurs, apres le raisin, continuez la descente !). Par
contre les orangers et citronniers rencontres ca et la donnent deja
volontiers les leurs. Acidite et couleurs.
C'est donc a Ardales que je traine mes basques (et mon jeune)
desormais. A l'ombre d'un palmier ou au fin fond d'une cervezeria, il
fait toujours bon de se poser et d'ecouter ici. Et de communiquer
parfois, ce qui, malgre un español plus que borderline, m'arrive de
plus en plus. La curiosite. L'autre jour, egare dans le village a la
recherche d'une photocopieuse (que j'ai finalement trouve a l'agence
immobiliere du bled !) et de la poste, inexsistante, j'ai malgre moi
atterri au comptoir en bois d'un charmant petit troquet au plafond bleu
et voute, dont les murs decores de diverses tentures et masques
africains troublants tombaient sur un sol carrele vert et blanc du plus
bel effet. Deux clients. Una Cruzcampo por favor ! A ces mots a
l'accent peu Andalou, le premier d'entre eux se retourne lentement,
legerement desequilibre sur son tabouret, pour saluer l'etranger.
Completement rince le mec me tend la main, sa biere, sa clope, ne
sachant plus trop ou il en etait. Etonnement il pouvait encore parler.
Ce fut ma premiere vrai conversation en español depuis mon arrivee ici
si on enleve les brefs echanges chez les commercants. On se comprenait
plus ou moins. Son visage defait m'a fait penser a un vieil ami des
grands soirs, qui doit bosser maintenant dans l'accastillage a la
Trinite sur Mer. Il se reconnaitra, qu'il ne m'en veuille pas, c'etait
juste pour image. Ses tapas froid et sa biere chaude temoignaient du
temps passe depuis la derniere commande. Dur.
Certes le debat n'est pas alle tres loin et ne s'est pas
eleve d'un seul pouce. Il m'a tout de meme donne rendez vous le
lendemain, mais plus tot. Pas sur. Peut etre aujourd'hui, qui sait. Car
depuis je n'ai pas eu le temps de converser autrement que par le taf.
Comme quoi, ici et en ce qui me concerne, les petits bistrots des
pueblos andalous prennent toute leur dimension culturelle et sociale.
Sans oublier que je travaille aussi pour l'amitie entre les peuples.
Et surtout qu'ils nous font chier ces jeunes cons parfois et que boire un coup, ca fait du bien, merde !!
Y una cerveza para mi amigos por favor ! Una ! ... Salud !